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novembre 4, 2025Gestion des lixiviats en site de dépôt de terres polluées
Les lixiviats sont le « nerf de la guerre » pour toute plateforme recevant des terres polluées : mauvaise séparation des flux, bassins sous‑dimensionnés ou absence de convention de déversement, et c’est l’arrêt garanti. Ce guide opérationnel vous aide à concevoir, exploiter et tracer une filière lixiviats qui passe les contrôles, en lien avec vos autorisations ICPE/IOTA et votre DCE. Pour cadrer aussi vos obligations de repérages préalables, appuyez‑vous sur notre synthèse des diagnostics avant travaux & démolition.
Sommaire
- 1. Lixiviats : définitions & périmètres
- 2. Cadre réglementaire : UE & France
- 3. Types de sites & rubriques ICPE concernées
- 4. Schéma hydraulique type : séparer, collecter, stocker
- 5. Dimensionnement des bassins & gestion pluie
- 6. Traitements : prétraiter, traiter, évacuer
- 7. Analyses & autosurveillance
- 8. Convention de déversement & raccordement STEP
- 9. Budget : CAPEX/OPEX & facteurs de coût
- 10. Risques, incidents & plan de repli
- 11. Prestations connexes à coordonner
- 12. À propos du Cabinet Sikoutris
- 13. FAQ lixiviats & terres polluées
- 14. Sources officielles
1) Lixiviats : définitions & périmètres
Un lixiviat est un liquide formé par percolation à travers des déchets ou matériaux stockés ; il s’enrichit en polluants dissous/particulaires (métaux, HAP, hydrocarbures, sels, ammonium…). Sur une plateforme de terres polluées, on distingue : (i) les eaux pluviales propres (hors contact) ; (ii) les eaux de surface en contact (ruissellement sur zones polluées) ; (iii) les lixiviats issus des tas/andains, bennes et zones saturées. Dans le cas des stockages (ISDND/ISDD), la collecte des lixiviats est une exigence structurante dès la conception.
Référence définition : glossaire Eaufrance et directive « décharges ».
2) Cadre réglementaire : UE & France
- Union européenne : la directive 1999/31/CE impose barrières de fond, collecte effective et traitement des lixiviats pour éviter la pollution des sols et des eaux, en phase d’exploitation et de post‑exploitation.
- France — ISDND : l’arrêté du 15 février 2016 (décharges de déchets non dangereux) encadre barrière d’étanchéité, réseau de collecte, bassins, et traitements, en remplacement de l’arrêté de 1997.
- France — ISDD : l’arrêté du 30 décembre 2002 (déchets dangereux) impose, entre autres, la collecte dès le début d’exploitation, le stockage et le traitement des lixiviats si nécessaire.
- Installations de sédiments : l’arrêté du 15 février 2016 dédié distingue « eaux de ressuyage » et « lixiviats », avec prescriptions spécifiques sur bassins/traitements.
- Plateformes « terres polluées » / traitement : selon activités, classement ICPE 2790 (traitement de déchets dangereux) et/ou 2791 (traitement de déchets non dangereux). Les prescriptions générales s’appliquent en plus des exigences locales d’assainissement.
À retenir : aucune filière « dilution‑rejet » n’est admise. La collecte, le stockage maîtrisé et le traitement (in situ ou externalisé) sont la règle, avec traçabilité.
3) Types de sites & rubriques ICPE concernées
Plateformes de terres polluées
Transit, regroupement, tri et traitement : rubriques 2790 (déchets dangereux) et 2791 (déchets non dangereux). Les procédés fréquents : biotraitement (andains, landfarming), désorption thermique, lavage des sols, traitements physico‑chimiques. Chaque configuration impose une gestion dédiée des eaux au contact (caniveaux, bâches, zones étanches).
Stockages (ISDND/ISDD)
Les décharges imposent barrière basale, drains, regards, bassins lixiviats, et équipements de sécurité (arrêt alimentation, signalisation). Les rejets sont encadrés et conditionnés à des critères après traitement ou évacuation contrôlée.
Vérifiez vos rubriques et régimes (déclaration/enregistrement/autorisation) et l’articulation avec les règles d’assainissement collectif.
4) Schéma hydraulique type : séparer, collecter, stocker
| Fonction | Objectif | Bonnes pratiques |
|---|---|---|
| 1. Séparation | Isoler eaux propres des eaux en contact/lixiviats. | Voiries hautes (à toit), cunettes étanches, bâchage des andains, pente > 2 % vers réseau « contact », merlons anti‑ruissellement, zones lavages confinées. |
| 2. Collecte | Canaliser sans infiltration. | Réseaux en PEHD/PVC pression, joints adaptés, regards étanches, pièges à sédiments/hydrocarbures, by‑pass pluie exceptionnelle vers stockage tampon. |
| 3. Stockage | Écrêter les pics, homogénéiser l’effluent. | Bassin/bâches double peau avec détection fuite, vidange gravitaire/pompe redondée, dispositif anti‑débordement et sécurité d’accès. |
| 4. Traitement | Atteindre seuils d’acceptation (rejet/STEP/exutoire). | Chaînes modulaires : neutralisation‑coagulation, décantation, filtration, adsorption, désorption d’ammoniac, voire membranes sur pics. |
5) Dimensionnement des bassins & gestion pluie
Les bassins reçoivent des flux variables : pluie (surfaces en contact), ressuyage (matériaux humides), lavages et fuites éventuelles. Leur volume doit couvrir : (i) un épisode pluvieux de référence (pluie de projet) ; (ii) le débit de pointe des zones en contact ; (iii) la marge sécurité (panne, indisponibilité STEP). Les stockages doivent prévenir tout débordement, avec possibilité d’arrêt d’alimentation et équipements de secours (bouée, échelle, signalisation). Un poste de reprise redondé (pompes A/B + groupe électrogène) évite la mise en charge du réseau.
Sur ISDND/ISDD, le dimensionnement s’articule avec la barrière d’étanchéité basale, les drains et les casiers. La gestion « bioréacteur » peut inclure des recirculations sous conditions.
6) Traitements : prétraiter, traiter, évacuer
Chaînes de traitement usuelles
- Physico‑chimique : correction pH, coagulation/floculation, décantation, filtre à sable.
- Organique : traitement biologique (réduction DCO/DBO5) si biodégradabilité suffisante.
- Spécifiques : charbon actif/poudres (HAP, COV), échange d’ions (métaux, ammonium), stripping + lavage acide (NH4/NH3), membranes (UF/NF/RO) sur pics.
Adapter la filière à la variabilité saisonnière ; prévoir un « mode dégradé » par stockage tampon + évacuation externe.
Sorties possibles
- Raccordement STEP : via autorisation/convention fixant paramètres, flux max, autosurveillance et redevances.
- Rejet au milieu (cas encadrés) : seulement si critères respectés et autorisés par arrêté.
- Évacuation en filière externe : pompage par prestataire, traitement dédié, traçabilité déchets liquides.
7) Analyses & autosurveillance
| Famille | Exemples de paramètres | Objectif de suivi |
|---|---|---|
| Physico‑chimie | pH, conductivité, température, MES, DCO/DBO5 | Qualité globale, biodégradabilité, colmatage potentiel. |
| Nitrogène | NH4+/NH3, N‑Kjeldahl, NO3– | Toxicité biologique, adaptation traitement. |
| Métaux | Pb, Cd, Cu, Zn, Cr, Ni, As, Hg | Conformité rejet/STEP, dangerosité boues. |
| Organiques | HAP, BTEX, COV, hydrocarbures | Risques HSE, adsorption/charbon actif. |
| Spécifiques | Chlorures/sulfates, conductivité | Corrosion, salinité, compatibilité réseau. |
Installez des points fixes (amont/aval, exutoire, bassin), un plan d’autosurveillance (débits, pluviométrie, volumes pompés) et centralisez les résultats (traçabilité opposable).
8) Convention de déversement & raccordement STEP
En cas de raccordement au réseau public, une autorisation de déversement (et souvent une convention spéciale) fixe vos paramètres cibles, flux journaliers/annuels, fréquences d’analyses, modalités de transmission et redevances. Le gestionnaire peut exiger une preuve de compatibilité hydraulique et un prétraitement interne. Déverser sans autorisation est sanctionné.
Anticipez la signature avant mise en service : annexez vos fiches procédé, fiches de données de sécurité et scénarios de gestion de crise (débordement, pollution accidentelle).
9) Budget : CAPEX/OPEX & facteurs de coût
- CAPEX : étanchéité (géomembrane, géocomposite drainant), réseaux, bassins/bâches double peau, pompes redondées, unité de traitement, instrumentation (débitmètres, pluviomètre, sondes pH/EC), local technique, groupe électrogène.
- OPEX : réactifs (alcalins/coagulants/polymères), consommables (charbon actif, cartouches), énergie, analyses, maintenance préventive, évacuations externalisées, redevances assainissement, astreintes.
- Risque & assurance : coupure électrique, pluie extrême, incident chimique, pollution accidentelle, amendes et immobilisation.
Conseil : verrouillez vos prix via un scénario hautes eaux (Qpluie + ressuyage) et une clause d’indexation réactifs/énergie dans vos marchés.
10) Risques, incidents & plan de repli
Scénarios critiques
- Débordement bassin : pluies intenses + panne pompe ; solution : by‑pass vers capacité tampon, arrêt alimentation, alarme niveau haut.
- Exfiltration : défaut membrane/ouvrage ; solution : double peau + détection fuite + inspection périodique.
- Toxicité STEP : pics NH4/métaux/HAP ; solution : prétraitement + lissage + limitation flux.
Plan de repli
- Contrats d’enlèvement externe d’urgence (camions‑citerne).
- Stockage auxiliaire (bâches/bassins mobiles) et groupe électrogène.
- Procédure d’alerte (autorité, collectivité, exploitant STEP), prélèvements « incident », rapport post‑événement.
11) Prestations connexes à coordonner
Pour sécuriser votre projet, alignez la gestion des lixiviats avec vos repérages et contraintes de chantier : amiante avant travaux/démolition, plomb avant travaux, termites avant travaux. Pour une vision globale du cadrage réglementaire, reportez‑vous à notre page de synthèse des diagnostics avant travaux & démolition.
12) À propos du Cabinet Sikoutris
Cabinet Sikoutris Diagnostics & Expertises accompagne propriétaires, promoteurs et chefs de chantier partout en France. Nous vous aidons à dimensionner et documenter votre filière lixiviats : schéma hydraulique, bassins et réseaux, choix des traitements, stratégie d’analyses, autorisation/convention de déversement, plans d’urgence. Objectif : un dossier prêt au contrôle (ICPE/assainissement), des coûts maîtrisés et des chantiers sans rupture d’exploitation.
13) FAQ lixiviats & terres polluées
Les mêmes règles s’appliquent‑elles aux plateformes et aux décharges ?
Les ISDND/ISDD ont des prescriptions spécifiques (barrières, drains, bassins, rejets) ; les plateformes de traitement sont encadrées par leurs rubriques ICPE (2790/2791) et par les règles d’assainissement (autorisation/convention de déversement) pour toute évacuation vers réseau/STEP.
Peut‑on rejeter au milieu naturel ?
Seulement si autorisé et après traitement respectant les critères fixés. À défaut, orienter vers STEP via convention ou évacuer en filière dédiée.
Quelles analyses prévoir en routine ?
Un socle type : pH, conductivité, MES, DCO/DBO5, NH4, métaux cibles, hydrocarbures/HAP, complétés selon vos procédés et exigences de la convention STEP.
La dilution est‑elle un « traitement » acceptable ?
Non. La logique réglementaire impose prétraitement/traitement puis rejet/évacuation conforme, pas une dilution pour abaisser artificiellement les concentrations.
Comment justifier la capacité de bassin ?
Par un mémo de dimensionnement (pluie de projet, surfaces en contact, débits pompes, marge indisponibilité), schémas, notices de sécurité et procédure d’arrêt d’alimentation en cas de dépassement.
14) Sources officielles
- Directive 1999/31/CE — Mise en décharge des déchets (barrières, collecte & traitement des lixiviats)
- Arrêté du 15 février 2016 — Installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND)
- INERIS AIDA — ISDND (notice & prescriptions techniques mises à jour)
- Arrêté du 30 décembre 2002 — Stockage de déchets dangereux (ISDD)
- INERIS AIDA — ISDD (collecte/stockage/traitement des lixiviats)
- Arrêté du 15 février 2016 — Stockage de sédiments (distinction eaux de ressuyage vs lixiviats)
- Ministère — Note d’explication nomenclature ICPE « déchets » (rubriques 2790/2791)
- BRGM — Méthodologie nationale de gestion des sites & sols pollués
- BRGM — Guides « Valorisation hors site des terres excavées » (MAJ 2024)
- Arrêté du 21 juillet 2015 — Systèmes d’assainissement collectif (autorisation de déversement & micropolluants)
- Eaufrance — Définition « Lixiviat »
Toujours vérifier votre arrêté préfectoral et les exigences locales d’assainissement (paramètres, flux, fréquences, redevances).
Auteur & garanties
Contenu rédigé par un ingénieur environnement/ICPE, relu par un responsable d’exploitation. Appuyé sur directives européennes, arrêtés nationaux et guides BRGM.
Prêt à sécuriser votre filière lixiviats ?
Nous cadrons schéma hydraulique, bassins, traitements, analyses et conventions de déversement pour une mise en conformité rapide.




